Quels liens entre jeûne et immunité ?
Technique de santé unique, le jeûne connaît un succès grandissant de par le monde. Il entraîne une détox profonde du corps et biens d’autres effets vertueux pour la santé. Mais comment agit-il sur nos défenses naturelles ? Dans ce nouvel article, nous explorons la relation positive entre jeûne et immunité, une raison de plus pour en faire l’expérience et s’y adonner régulièrement pour soutenir notre bien-être global.
Le rôle clé du système immunitaire
Nous en avons pris encore plus conscience lors de la crise sanitaire de 2020 : notre immunité est au cœur du notre système vital et représente un rempart naturel face aux virus, bactéries, agents étrangers et aussi aux cellules potentiellement cancéreuses. C’est en cela qu’elle est indispensable à notre santé. Sa protection est très puissante, car elle nous évite de tomber malade. C’est lorsqu’elle est affaiblie, que nos défenses sont bien moins efficaces. Si nous nous consacrons à ce sujet, c’est parce que notre immunité souffre de nos modes de vie : stress chronique, manque de sommeil, malbouffe, surpoids, sédentarité, sont autant de facteurs qui fragilisent la qualité de notre immunité. Mais comment réagit-elle en l’absence de nourriture ? Pourquoi est-il intéressant de jeûner ?
Comprendre la relation entre le jeûne et l’immunité ?
Rappelons que le jeûne rime avec mise au repos complète du système digestif ; le corps est alors libéré d’une grosse partie de son travail, ce qui le place dans les meilleures conditions pour se détoxifier en profondeur. Il active l’autophagie cellulaire, un processus naturel se déclenchant en l’absence de nourriture et qui induit une destruction des cellules et tissus les plus abîmés. Le renouvellement cellulaire profond qui en découle est l’un des bénéfices clés de cette pratique ; et il touche l’ensemble de l’organisme.
L’effet du jeûne sur le microbiote intestinal
Si les intestins sont particulièrement intéressants pour comprendre la relation entre jeûne et immunité, c’est parce qu’ils contiennent le microbiote (ou flore intestinale), composée de milliards de bactéries bénéfiques à notre santé… Et à notre immunité, celle-ci étant produite en grande partie dans l’intestin. Garantir l’intégrité du microbiote intestinal est capital pour entretenir nos défenses naturelles. Pourquoi l’absence alimentaire y participe-t-elle ?
Les résultats d’une étude sur la relation entre microbiote et jeûne Buchinger
Les recherches ont été menées par Dr Robin Mesnage [1], en collaboration avec la clinique Buchinger en Allemagne sur un petit groupe de patients qui ont jeûné pendant 10 jours. Elle a révélé une évolution de la composition de la flore intestinale, à la faveur de souches saines qui ont remplacé les bactéries pathogènes. Cette modification illustre l’effet positif du jeûne long sur la flore, qui s’est d’ailleurs poursuivi trois mois après leur cure.
L’intérêt du jeûne pour réduire l’inflammation du corps
L’organisme dispose d’une stratégie immunitaire pour se défendre, avec la réaction inflammatoire. Celle-ci se produit par exemple en présence d’agresseurs étrangers comme une bactérie, un virus ou un composant toxique. Cela provoque de façon visible une rougeur, un gonflement ou une douleur. Cette réaction est complètement naturelle et s’estompe rapidement. Mais, de nos jours, une inflammation à bas bruit est très présente, alimentée en continu par des comportements de santé délétères, comme le stress et une mauvaise alimentation. Elle montre peu de symptômes, mais quand elle devient chronique, elle engendre potentiellement des maladies graves comme le cancer ou les maladies auto-immunes.
Si nous abordons cette question pour apprécier le lien entre jeûne et immunité, c’est parce que l’inflammation chronique perturbe indéniablement le fonctionnement immunitaire et fatigue le corps. Et le jeûne dispose de qualités anti-inflammatoires, ce qui est en fait un atout pour améliorer notre immunité. L’autophagie agit également positivement sur les mécanismes inflammatoires et le développement des lymphocytes. Et il est intéressant de noter que l’autophagie s’enclenche à partir de 12 heures selon les études, ce qui signifie qu’un fasting de 16 heures en retire aussi des bénéfices sur ce plan.
Pour en apprendre plus, vous pouvez consulter notre article sur le jeûne et les maladies inflammatoires qui recense quelques études de référence, dont celle du Professeur Valter Longo. Ce spécialiste mondial de la longévité a appréhendé cette question par les pathologies de l’intestin (comme la maladie de Crohn) et a démontré que chez les souris, le jeûne baisse l’inflammation et les indicateurs biologiques associés. Ces conclusions ont été ensuite approfondies par des tests chez l’homme.
Les enseignements d’une autre étude de Valter Longo
Les travaux relatifs à l’impact du jeûne sur la santé se développent, mais manquent de portée compte tenu de la taille réduite des cohortes des patients et de l’a priori des médecins qui de fait s’y intéressent peu. Pour autant, il est toujours intéressant de découvrir les initiatives de chercheurs pour les pistes prometteuses qu’elles ouvrent. S’agissant du lien entre jeûne et immunité, citons à nouveau Valter Longo et son équipe de l’Université de Californie du Sud qui ont démontré dans une étude de 2015 qu’un jeûne de 72 heures renforcerait le fonctionnement immunitaire par la production importante de globules blancs, au cœur du fonctionnement immunitaire. Ce processus est entretenu par l’autophagie, évoquée précédemment, qui recycle les cellules du système immunitaire, en se débarrassant de celles qui sont inutiles, car détériorées. C’est pour cette raison que le jeûne pourrait être conseillé (sous surveillance médicale) aux personnes en chimiothérapie dont les cellules attaquées par la toxicité des traitements seraient plus à même de se régénérer.
En conclusion, vous l’avez compris, le lien entre jeûne et immunité s’apprécie de différentes manières. S’il ne faut retenir qu’une seule information, c’est bien celle-ci : le renouvellement cellulaire en profondeur libère le corps des toxines et déchets accumulés ce qui crée un environnement plus sain pour toute l’activité immunitaire.
Vous souhaitez en découvrir plus sur les effets du jeûne sur la santé ? Visitez la rubrique dédiée de notre blog !
[1] Mesnage, R., Grundler, F., Schwiertz, A., Le Maho, Y., & Wilhelmi de Toledo, F. (2019). Changes in human gut microbiota composition are linked to the energy metabolic switch during 10 d of Buchinger fasting. Journal of Nutritional Science, 8, E36. doi:10.1017/jns.2019.33