Valter Longo et le jeûne : 3 idées fortes

Valter Longo et le jeûne : 3 idées fortes

Médecin, biologiste et chercheur réputé à l’échelon international, Pr Valter Longo s’intéresse depuis de nombreuses années à l’influence de l’alimentation sur l’espérance de vie. Au sein de l’Institut de la longévité qu’il dirige en Californie, il a élaboré des stratégies pour vieillir en bonne santé. Quels sont les travaux spécifiques de Valter Longo sur le jeûne ? Quel régime alimentaire prône-t-il ? Découvrez 3 enseignements clés sélectionnés par le réseau Jeûne & Bien-être.

1/ Jeûner : un acte naturel et puissant

Avant d’aborder les découvertes de Valter Longo sur le jeûne, arrêtons-nous un instant sur son point de vue vis-à-vis de ce régime. Dans son ouvrage sur la longévité, il rappelle que nos ancêtres jeûnaient de façon naturelle, car leurs ressources alimentaires dépendaient des saisons, mais aussi des résultats de leur chasse et cueillette ; il n’était donc pas rare qu’ils ne mangent pas pendant plusieurs jours et ils s’adaptaient très bien. Nous portons donc en nous cet héritage ; c’est pourquoi, pour ce professeur, jeûner ne répond pas à un effet de mode comme cela peut être véhiculé par les médias.

Par ailleurs, il prête au jeûne des effets puissants sur le corps à condition qu’il soit pratiqué dans de bonnes conditions. Il insiste sur son innocuité, qui a été confirmée par les retours d’expérience d’organismes réputés qui pratiquent le jeûne en Allemagne comme la clinique Buchinger au lac de Constance et l’hôpital de la Charité à Berlin. Ces établissements accueillent surtout des malades qui nécessitent une surveillance médicale le temps d’un séjour qui peut durer sept jours, voire plus. Pour Valter Longo, le jeûne hydrique ou à base de bouillons de légumes est éprouvant et présente des inconvénients comme la sensation de faim et fatigue. Il peut être difficile à suivre et ne convient pas à tous. Il indique par ailleurs qu’il crée des réticences chez les médecins surtout le jeûne à visée thérapeutique pour des malades chroniques. Aussi, il a souhaité réfléchir à une variante tout autant vertueuse pour la santé, mais plus douce qu’un jeûne classique.

Une autre réflexion intéressante de Valter Longo sur le jeûne est nourrie par son exploration des mécanismes favorisant la longévité : il a en effet mis en évidence une habitude des centenaires qui s’alimentent dans une plage horaire de douze heures maximum, voire moins ; cela signifie qu’ils jeûnent au moins 12 heures par jour. Cette approche est naturelle, car intégrée à leur routine quotidienne et son efficacité sur l’espérance de vie a été validée par des études réalisées sur les animaux et l’homme. Concrètement, lorsque le petit déjeuner est pris à 8 h, le dîner a lieu au plus tard à 20 h ; plus tôt, c’est encore mieux, afin que la digestion soit bien entamée au moment du coucher. Pendant le sommeil, l’organisme est ainsi plus disponible pour remplir ses autres fonctions, comme celle de se détoxifier. Valter Longo ne le mentionne pas de cette façon ; pourtant, cette pratique ressemble de près au jeûne intermittent qui consiste à limiter à 8 heures la période pendant laquelle se nourrir. L’intervalle de 12 heures des centenaires est supérieur, mais semble suffire pour induire des effets positifs.

2/ Le fasting mimicking Diet : une autre conception de Valter Longo sur le jeûne

La formule mise au point par ce professeur est le Fasting Mimicking Diet (FMD) ou régime imitant le jeûne. Celui-ci a la particularité d’intégrer certains aliments tout en étant aussi efficace : les études ont, en effet, démontré que comme le jeûne classique, il est en mesure d’activer le système de recyclage cellulaire du corps, ou autophagie, au cours duquel les cellules abîmées ou mortes sont détruites et remplacées par des cellules nouvelles. Ce processus favorise la régénération globale et la protection cellulaire face au vieillissement. Les équipes de chercheurs ont évalué les bénéfices de ce régime de restriction calorique sur les souris et les hommes et ce dans différentes perspectives : préserver le bien-être, favoriser la longévité ou encore soutenir la guérison de malades atteints de pathologies lourdes comme le cancer ou le diabète. Il présente des bienfaits mesurés à partir de plusieurs indicateurs de santé : taux de glucose sanguin, pression artérielle, cholestérol, protéine C-réactive, taux de triglycérides… Il favorise la perte de poids sans générer d’excès une fois le retour à une alimentation normale et apporte un regain d’énergie.

D’une durée de cinq jours, cette diète tolère des apports caloriques, mais ils sont réduits au moins de moitié (moins de 1 000 calories par jour) et sont constitués de légumes (brocolis, tomates, carottes, potiron…) et d’oléagineux. Ils peuvent être répartis entre les trois repas ou entre deux repas avec une collation. À cela s’ajoutent des compléments alimentaires (1 gélule de vitamines et minéraux et 1 gélule d’ omégas 3 et 6).

Pour Valter Longo, ce jeûne est recommandé aux personnes en bonne santé une à deux fois par an et à une fréquence plus soutenue (pouvant aller jusqu’à un rythme mensuel) pour les personnes obèses, en surpoids ou de poids normal, présentant un ou plusieurs des facteurs de risque suivants : cancer, diabète, maladies cardio-vasculaires et neurodégénératives. Retenez qu’il s’intègre facilement dans une stratégie de soins conventionnels et peut également jouer un rôle préventif pour viellir en bonne santé.

3/ L’intérêt du régime de restriction calorique face au cancer

Parmi les nombreux axes de recherche de Valter Longo sur le jeûne, le cancer occupe une place importante et ses découvertes sont d’autant plus intéressantes qu’elles portent sur une maladie complexe, qui rend les avancées de la science plus délicates. Grâce à différentes expérimentations, il a étudié le Fasting Mimming Diet comme thérapie anti-cancéreuse chez les souris et a montré les avantages de cette diète pour combattre la maladie, notamment lors de la chimiothérapie. Il a ensuite extrapolé ses travaux à l’homme pour mettre en lumière le potentiel du FMD pour diminuer les effets secondaires et améliorer l’efficacité des traitements, et ce, pour différents types de cancer : sein, prostate, côlon, pancréas, poumon…

Avec l’aval de l’oncologue, il préconise de pratiquer une FMD trois jours avant et un jour après la chimiothérapie. Ces conseils varient en fonction du type de traitement administré et de l’intervalle entre chaque cycle de chimiothérapie. Lors du retour à une alimentation normale, le patient doit veiller pendant 24 heures à se nourrir le plus sainement possible, avec des glucides complexes (céréales ou riz complet, légumes…), des soupes de légumes et des fruits. Valter Longo ne minimise pas les risques de dénutrition chez des patients déjà affaiblis ; c’est pourquoi, le poids doit être revenu à la normale avant qu’une nouvelle cure de chimiothérapie ne soit entamée.

Il insiste sur le fait que tous les essais cliniques ne sont pas achevés. Pour Valter Longo, le jeûne demeure une technique expérimentale face à une telle maladie et ne doit être envisagé qu’après concertation avec le cancérologue et lorsque d’autres alternatives ne sont pas possibles ou se sont avérées inefficaces contre la maladie et les effets indésirables. Un accompagnement par un nutritionniste ou un diététicien est également souhaitable pour sécuriser la stratégie alimentaire et éviter ainsi les risques de déséquilibre nutritionnel et d’un amaigrissement non désiré.

Vous en savez plus à présent sur Valter Longo et le jeûne ; cet éminent spécialiste supervise de nombreux essais cliniques partout dans le monde avec la coopération d’établissements de santé. Il s’attache actuellement à tester l’impact de différentes versions du Fasting Mimicking Diet sur des pathologies chroniques comme le diabète, le cancer ou les maladies auto-immunes.

Pour en apprendre davantage sur le jeûne, plongez-vous dans la rubrique dédiée de notre blog. Notre conseil de lecture : Le régime de longévité, Valter Longo, Editions Actes Sud.

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