Le jeûne : un remède pour soulager les troubles psychiques ?

Le jeûne : un remède pour soulager les troubles psychiques ?

Les bienfaits du jeûne sont aujourd’hui reconnus : regain de vitalité, amélioration de la digestion, plus grande performance cognitive, perte de poids, tels sont les avantages fréquemment cités par les jeûneurs. Mais qu’en est-il de ses atouts du point de vue de la santé mentale ? Le jeûne permet-il d’atténuer les troubles psychiques, comme l’anxiété ou la dépression ? Décryptages dans ce nouvel article du réseau Jeûne et Bien-être.

L’influence du jeûne sur les troubles psychiques

Les enseignements du psychiatre Youri Nicolaiev

S’intéresser au lien entre jeûne et troubles psychiques, c’est découvrir les premières expérimentations réalisées dans les années 50 par le médecin russe Yuri Nicolaïev sur les malades schizophrènes. Ayant constaté des avancées significatives, il a soigné pendant des années par des jeûnes longs des milliers de malades, notamment des patients dépressifs et ceux souffrant de phobies ou de troubles obsessionnels compulsifs. Afin de se prémunir contre les critiques nombreuses à l’époque, il a étayé ses programmes de recherche par des protocoles d’examen poussés, multipliant les examens physiologiques, biochimiques, hormonaux et les tracés d’encéphalogramme pendant et après le jeûne. Les résultats ont prouvé que cette méthode tend à atténuer les symptômes des maladies mentales et agit positivement sur la personnalité du patient. Un effet antidépresseur, sédatif et calmant a été aussi relevé.

Les travaux du docteur Andreas Michalsen

Des années plus tard, le professeur allemand, Andreas Michalsen, s’est également penché sur la relation entre jeûne et troubles psychiques. Grâce à son expérience auprès de ses malades à l’hôpital, il a abouti à des conclusions analogues à celle de son confrère, mettant en lumière la hausse de la sérotonine, une amélioration de l’humeur et d’autres hormones comme la dopamine et la noradrénaline. De plus, les jeûneurs ont montré la volonté d’adopter une vie plus saine après leur stage, démarche bénéfique pour entretenir la santé nerveuse et psychologique.

Comment le jeûne agit-il sur le plan mental ?

Saviez-vous qu’il n’y a rien de dangereux à ne pas s’alimenter pendant plusieurs heures,  voire plusieurs jours ? En effet, face à l’abstinence alimentaire, le corps dispose de capacités adaptatives insoupçonnées. Au niveau du cerveau, une fois que les réserves de glucose, sous forme de glycogène, sont épuisées, une autre source d’énergie vient le nourrir, par le biais des cétones qui sont produites à partir des graisses stockées dans le foie. Elles constituent alors le nouveau carburant du cerveau. Ce phénomène s’appelle la cétose et s’opère dès le 3e jour. Les cétones deviennent alors ses nouveaux alliés et exercent un effet psychostimulant, ressenti concrètement par un regain d’énergie, une amélioration de l’humeur, voire chez certaines personnes une euphorie très agréable.

De plus, en parallèle, la production de certaines hormones augmente, en particulier la sérotonine et la dopamine, qualifiées d’hormones du « bonheur ». Elles contribuent à installer le calme et de sérénité chez les pratiquants, surtout en fin de séjour. Certains ressentent un tel bien-être qu’ils reviennent en cure, dans le but de retrouver cette sensation.

Précisons que les conditions de réalisation du jeûne (dans un centre spécialisé) favorisent cet état : beauté des lieux, marche en pleine nature, rupture avec le stress du quotidien, détente et repos… La déconnexion du système nerveux est complète : de ce point de vue, le jeûne est intéressant pour soulager des troubles psychiques. De plus, il donne l’occasion de prendre du recul et de vivre certaines prises de conscience existentielles. Il n’est pas rare que des jeûneurs entament à leur retour une démarche thérapeutique, bien décidés à travailler à un meilleur équilibre psychologique et émotionnel.

Pour finir, lors d’une telle expérience, l’ensemble de l’organisme est assaini en profondeur. Toutes les cellules se régénèrent de l’intérieur et se délestent de leurs toxines. Par exemple, le microbiote intestinal se renouvelle lors du jeûne et se débarrasse des germes pathogènes. Il est ensuite de bien meilleure qualité pour remplir ses fonctions, dont l’une d’entre elles consiste à stimuler la production de sérotonine.

Il apparaît clair que ce grand « nettoyage » contribue à renforcer la santé du corps, dont la sphère psychique.

« La plus grande découverte de notre temps, c’est la capacité à se régénérer physiquement, mentalement et spirituellement par le jeûne. » (Yuri Nikolaïev)

L’impact du jeûne intermittent sur l’anxiété

Comme autre relation entre jeûne et troubles psychiques, citons le jeûne intermittent ou fasting, qui consiste à ne pas se nourrir pendant 16 heures. Les études ont cherché à mettre en évidence son intérêt pour diminuer l’anxiété, en analysant l’impact de la modification du métabolisme des mitochondries, les centrales énergétiques du corps. Partant de l’hypothèse que l’amélioration de leur fonctionnement permettrait de réduire les troubles anxieux, les scientifiques ont mené une étude à partir de deux groupes de souris, l’un ayant suivi un régime classique et l’autre un jeûne intermittent un jour sur deux. Les conclusions ont fait état d’une réduction de l’anxiété des souris grâce au fasting : elles avaient tendance à rechercher plus de lumière et les espaces ouverts que l’autre groupe.

En revanche, contrairement au postulat de départ, l’optimisation des facteurs mitochondriaux n’est pas associée à ce bénéfice. Les chercheurs doivent donc approfondir leurs travaux afin de comprendre les mécanismes qui procurent une meilleure santé mentale.

Une étudiante en médecine a réalisé en France une étude sur le jeûne et les troubles psychiques, portant sur le stress, l’anxiété et la dépression. L’inclusion a concerné des patients réalisant un jeûne court dans le cadre du ramadan. Les résultats préliminaires sont prometteurs, mais les travaux doivent être également poursuivis par le biais d’études contrôlées et randomisées.

Pour terminer, sachez que le jeûne transporte chacun dans une aventure tout à fait unique, qui engage à 100 % le corps et l’esprit. Il faut donc disposer d’une énergie suffisante pour la vivre. Aussi, des contre-indications existent : maladie cardio-vasculaire, diabète, troubles du comportement alimentaire, fatigue intense ou chronique, pathologie grave avec médication chimique, femmes enceintes ou allaitantes, personnes âgées… En cas de doutes, consultez un professionnel de santé et un naturopathe qui réalisera un bilan de vitalité.

Vous êtes tenté ? Avant de vous inscrire à un stage long, testez d’autres options courtes avant comme le fasting et le jeûne de 24H.

Pour découvrir l’offre du réseau Jeûne et Bien-être, visitez la page dédiée aux séjours par thème.

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