Jeûne et cancer : est-ce compatible ?

Jeûne et cancer : est-ce compatible ?

De plus en plus répandu, le jeûne représente une formidable technique de bien-être ; ses adeptes l’ont bien compris et intégré dans leur hygiène de vie tant les bénéfices se ressentent sur le long terme. Destiné à des personnes en bonne santé, il est plus controversé pour celles fragilisées par une pathologie. Qu’en est-il de son intérêt face au cancer ? Éclairages dans cet article sur le lien entre jeûne et cancer et la façon dont il peut se décliner sans risques pour les malades.

Pourquoi s’abstenir de manger permet de mieux combattre une tumeur ?

Jeûner consiste à n’ingérer aucun aliment ni liquide nutritionnel. L’eau, les tisanes et les bouillons de légumes sont tolérés. Retenez que les cellules ont besoin principalement de sucre pour produire de l’énergie et particulièrement celles qui sont cancéreuses pour proliférer. La plupart des cancers évoluent dans un contexte nutritionnel riche ; sans apport alimentaire, vous l’avez compris, ils sont privés de nourriture, ce qui perturbe leur développement.

La cétose : un phénomène naturel du jeûne qui nuit à l’activité des cellules cancéreuses

Au cours du jeûne, plusieurs réactions physiologiques se produisent en chaînes, conséquences de l’adaptation du corps qui active ses ressources internes pour assurer son fonctionnement vital. Pour fabriquer du glucose, il puise dans ses réserves de glucides, puis de protéines de façon transitoire et modérée et de lipides. À partir du 3e jour, grâce aux graisses disponibles, le foie produit des cétones, phénomène appelé cétogenèse. Ces derniers deviennent alors le nouveau carburant des cellules normales qui savent parfaitement l’utiliser contrairement à celles malignes qui ne s’adaptent pas dans un tel environnement. Elles sont donc lésées dans leur opération de survie. De ce point de vue, le duo jeûne et cancer apparaît donc comme une stratégie plutôt bénéfique.

La détoxification du corps : un effet protecteur face au cancer

Le jeûne induit une régénération en profondeur de l’organisme par élimination des toxines et surcharges via l’autolyse. Les cellules saines retrouvent une nouvelle jeunesse, se renforcent, ce qui est un atout pour contrer la toxicité des traitements du cancer. En revanche, les vertus de ce processus sur les zones malades ne font pas consensus, dans la mesure où celle-ci peut favoriser une meilleure réponse à la chimiothérapie, mais aussi une résistance aux thérapies. Toujours est-il que l’autolyse assainit indéniablement le milieu cellulaire et réduit l’inflammation, propice au développement tumoral. Pour ces mêmes raisons, l’abstinence alimentaire protège la santé de façon préventive, réduisant les risques de déclenchement d’une telle maladie.

Les travaux scientifiques sur la relation entre jeûne et cancer

Un certain nombre d’études sont disponibles, mais leur portée n’est pas toujours suffisante compte de la petite taille des cohortes de patients. Néanmoins, elles nous éclairent sur les potentialités que recèle une telle technique pour améliorer la tolérance des traitements et la qualité de vie des malades. Elles encouragent également la poursuite de travaux de plus grande envergure sur les interactions entre jeûne et cancer dans le but de mettre au point de nouvelles stratégies de lutte contre la maladie et de les promouvoir auprès de la communauté médicale.

Des effets secondaires atténués

Valter Longo, célèbre médecin au niveau international pour ses travaux sur les régimes alimentaires, a réalisé une étude sur 10 patients souffrant de cette affection ayant suivi un jeûne de 48 à 140 heures avant la chimiothérapie et jusqu’à 56 heures après. Il en ressort que les participants ont ressenti une diminution des effets secondaires, comme la fatigue et les troubles gastro-intestinaux. Précisons aussi que les patients ne se sont pas plaints de gênes particulières liées au jeûne lui-même

Il a mené une autre recherche sur le lien entre jeûne et cancer incluant une vingtaine de patients afin de comparer les effets de cette pratique pendant 24, 48 et 72 heures avant la chimiothérapie. La plus longue s’est avérée plus protectrice que celle de 24 heures du point de vue de la palette d’effets secondaires (maux digestifs, fatigue, troubles sanguins, neuropathie, etc.)

Ces conclusions sont très prometteuses puisque lorsque les thérapies sont mieux supportées, leur potentiel d’efficacité augmente a priori.

L’intérêt du jeûne intermittent

Le jeûne intermittent, ou fasting, consiste à ne pas manger pendant 16 heures, ce qui réduit à 8 heures la phase d’alimentation. Selon les études disponibles, cette approche montre un intérêt dans le traitement des cancers. En effet, une étude de 2019 a mis en évidence une réduction de la toxicité des traitements et une protection des cellules saines. À ces résultats s’ajoute un autre argument positif résultant d’une étude de 2022, ayant établi que le fasting stimule l’immunité anticancéreuse dans le cadre des tumeurs solides.

Ce type de jeûne peut donc être intéressant à essayer à condition qu’il n’entraîne pas de perte de poids. Il a l’avantage d’être facile à mettre en œuvre ; d’où son succès grandissant au sein de la population d’une manière générale.

Les travaux scientifiques sur la relation entre jeûne et cancer

Évoquer le sujet du jeûne et cancer appelle à une certaine prudence ; en effet, ne pas se nourrir pendant plusieurs jours peut affaiblir l’organisme, et ce n’est pas le but du jeûne. C’est pourquoi, face à une pathologie aussi éprouvante que le cancer, cette option doit être réfléchie et adaptée à chaque patient. Le jeûneur peut, en effet, accuser une perte de poids et une fonte musculaire, ce qui n’est pas sans risques en cas de dénutrition. Le pronostic vital peut alors rapidement s’aggraver. C’est surtout pour cette raison que les jeûnes prolongés sont redoutés par la médecine allopathique.

Aussi, avant de se lancer dans une telle démarche, il est conseillé d’en évaluer les bénéfices et les inconvénients avec un professionnel de santé.

Si le jeûne est adapté à l’état de santé du malade et est suivi dans un cadre sécurisé, il ne comporte pas de danger. Le jeûneur ressentira des inconforts liés aux réactions du corps qui n’est plus nourri, et qui disparaîtront lors de la reprise alimentaire.

Pour conclure, retenez que la relation entre jeûne et cancer est encore en voie d’exploration tant la maladie et son développement sont complexes. En revanche, si la situation du patient le permet, il n’y a pas de contre-indications majeures à jeûner en synergie avec la chimiothérapie autour des séances afin de mieux supporter leur toxicité. Néanmoins, la durée sera toujours courte pour préserver la force du corps.

Sachez aussi que le jeûne thérapeutique, en lien avec une problématique médicale identifiée, est autorisé à l’étranger, comme en Allemagne où des structures spécifiques assurent une surveillance médicale dans leurs murs. Mais en France, ce n’est pas le cas ; les centres ne peuvent pas promouvoir la dimension thérapeutique de leurs séjours, même si ceux-ci exercent une action à ce niveau-là. Ils sont désignés comme des centres de jeûne de bien-être et accueillent des jeûneurs, forts d’une équipe de professionnels et de naturopathes formés qui offrent un suivi personnalisé, comme le pratique le réseau Jeûne & Bien-être.

Vous souhaitez en découvrir davantage sur le jeûne? Parcourez l’éventail d’articles sur le sujet dans la rubrique de notre blog.

Pour approfondir, nos conseils de lecture : Le régime de longévité, Editions Babel, Valter Longo, Combattre le cancer avec le régime cétogène, Editions Thierry Souccar, Magali Walkowicz.

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